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Quelques textes profanes

La vie est la vie
La vie est beauté, admire-la.
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le.
La vie est un défi, relève-le.
La vie est un devoir, fais-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien.
La vie est une richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.

Mère Teresa,
Prières en poche, Artège, 2011.


Des pas dans le sable
Une nuit, un homme fit un songe.
Il rêva qu'il marchait au bord de la mer
en compagnie de Jésus. À chaque scène,
il remarquait une double trace de pas dans le sable,
la sienne et celle de Jésus.

Quand la deuxième image s'effaça,
il repensa aux traces de pas et s'aperçut
qu'à diverses reprises, le long du sentier,
il n'y avait qu'une empreinte de pas dans le sable.
Il se rendit compte que cela correspondait
aux moments les plus sombres et les plus tristes de sa vie.

Il s'adressa à Jésus :
« Seigneur, dit-il, tu avais dit que
tu m'accompagnerais tout le long de la route.
Mais je constate qu'aux heures les plus pénibles
de ma vie, je ne puis voir qu'une seule série
d'empreintes sur le sable. Je ne comprends pas
qu'au moment où j'avais le plus besoin de toi,
tu m'aies délaissé. »

Jésus répondit :
« Mon enfant, je t'aime et je ne saurais
t'abandonner.
Aux jours d'épreuves et de souffrances,
quand tu ne vois qu'une trace de pas,
c'est qu'alors je te portais. »

Margaret Fishback Powers, trad. par Aline Neuhauser,
Des pas dans le sable (titre original : Footprints, 1964),
Empreinte temps présent, 1999.


J'avais devant les yeux les ténèbres. L'abîme
Qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime,
Était là, morne, immense ; et rien n'y remuait.
Je me sentais perdu dans l'infini muet.
Au fond, à travers l'ombre, impénétrable voile,
On apercevait Dieu comme une sombre étoile.
Je m'écriai : – Mon âme, ô mon âme ! il faudrait,
Pour traverser ce gouffre, où nul bord n'apparaît,
Et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,
Bâtir un pont géant sur des millions d'arches.
Qui le pourra jamais ? Personne ! ô deuil ! effroi !
Pleure ! – Un fantôme blanc se dressa devant moi
Et ce fantôme avait la forme d'une larme ;
C'était un front de vierge avec des mains d'enfants :
Il ressemblait au lys que la blancheur défend ;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l'abîme où va toute poussière,
Si profond, que jamais un écho n'y répond ;
Et me dit : – Si tu veux je bâtirai le pont.
Vers ce pâle inconnu je levais ma paupière.
– Quel est ton nom ? lui dis-je. Il le dit : – La prière.

Victor Hugo
Jersey, décembre 1852


Un voilier
Je suis debout au bord de la plage
Un voilier passe dans la brise du matin
et part vers l'océan.
Il est la beauté et la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon côté dit : « Il est parti. »
Parti vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout.
Son mât est toujours aussi haut.
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
pas en lui.
Et au moment où quelqu'un auprès de moi dit :
« Il est parti »,
Il y en a d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon
et venir vers eux,
s'exclament avec joie :
« Le voilà. »

C'est cela la mort.

Anonyme


Si je venais à mourir
Si je venais à mourir, t'abandonnant ici-bas quelque temps,
Ne sois pas comme les autres, inconsolables,
Qui passent de longues heures à veiller la poussière silencieuse
Et à pleurer.

En souvenir de moi, tourne-toi vers la vie et la joie,
Fortifiant ton cœur et tes mains tremblantes
Pour venir en aide aux âmes plus faibles que la tienne.
Achève les tâches que j'avais entreprises
et qui me tenaient à cœur.
C'est ainsi que je pourrai peut-être te réconforter.

Anonyme


Je ne vous ai pas quittés.
Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi, vous êtes vous.
Ce que nous étions les uns pour les autres,
nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné.
Parlez de moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez de rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serai-je hors de votre pensée, simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

Auteur inconnu


Au bout de la route, il n'y a pas la route
mais le terme du pèlerinage.
Au bout de l'ascension, il n'y a pas l'ascension
mais le sommet.
Au bout de la nuit, il n'y a pas la nuit
mais l'aurore.
Au bout de l'hiver il n'y a pas l'hiver
mais le printemps.
Au bout de la mort, il n'y a pas la mort
mais la Vie.
Au bout du désespoir, il n'y a pas le désespoir
mais l'Espérance.
Au bout de l'humanité, il n'y a pas l'homme
mais l'homme-Dieu,
mais la Résurrection.

Joseph Folliet,
Chronique sociale,
1972


« Vis le jour d'aujourd'hui »
Vis le jour d'aujourd'hui, Dieu te le donne, il est à toi. Vis-le en Lui.
Le jour de demain est à Dieu, il ne t'appartient pas.
Ne porte pas sur demain le souci d'aujourd'hui.
Demain est à Dieu, remets-le en Lui.
Le moment présent est une frêle passerelle :
Si tu le charges des regrets d'hier,
De l'inquiétude de demain,
La passerelle cède et tu perds pied.
Le passé ? Dieu te le pardonne.
L'avenir ? Dieu le donne.

Vis le jour d'aujourd'hui en communion avec Lui.

Odette, petite sœur du Sacré-Cœur, tuée à Alger en novembre 1995.


Un amour m'attend.
Ce qui se passera de l'autre côté,
Quand tout pour moi
Aura basculé dans l'éternité,
Je ne le sais pas.
Je crois, je crois seulement,
Qu'un amour m'attend.

Je sais pourtant
Qu'alors il me faudra faire,
Pauvre et sans poids, le bilan de moi.
Mais ne pensez pas que je désespère.
Je crois, je crois tellement
Qu'un amour m'attend.

Quand je meurs, ne pleurez pas ;
C'est un amour qui me prend.
Si j'ai peur – et pourquoi pas ?-
Rappelez-moi simplement
Qu'un amour m'attend.
Il va m'ouvrir tout entière
À sa joie, à sa lumière.
Oui, Père, je viens à Toi
Dans le vent, dont on ne sait ni d'où il vient,
Ni où il va,
Vers ton Amour, Ton Amour qui m'attend.

Mère Alice-Aimée (1896-1976), carmélite.


Conduis-moi

R/ Conduis-moi, douce lumière, conduis-moi toujours plus avant.

La nuit est d'encre
et je suis loin de ta maison.
Garde mes pas,
je ne demande pas encore
à voir ce qu'on doit voir là-bas.

J'aimais choisir
et je n'ai pas toujours prié.
Garde mes pas
je ne demande pas encore
à voir ce qu'on doit voir là-bas.

Et maintenant,
que ta puissance me bénisse,
qu'elle me conduise
sur le rocher dans le torrent,
jusqu'à ce que la nuit finisse.

D'après John-Henry Newman
Adaptation du père Dupleix
Musique de Jean-Clément Jollet
Cote Secli : E231
Autorisation SECLI n° 2012114


L'arbre et la graine
Quelqu'un meurt, et c'est comme des pas qui s'arrêtent…
Mais si c'était un départ pour un nouveau voyage ?
Quelqu'un meurt, et c'est comme une porte qui claque…
Mais si c'était un passage s'ouvrant sur d'autres paysages ?
Quelqu'un meurt, et c'est comme un arbre qui tombe…
Mais si c'était une graine germant dans une terre nouvelle ?
Quelqu'un meurt, et c'est comme un silence qui hurle…
Mais s'il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

Josse Goffin, Benoit Marchon,
Poèmes pour prier,
Éditions Bayard, 1997.


Nous n'avons jamais su vraiment ce que tu pensais
Sur plein de choses pourtant essentielles.

Tu ne parlais jamais de Dieu,
Mais tu allais à l'église de temps en temps
Pour dire adieu à tes amis quand ils mouraient,
Pour partager la joie de ceux qui se mariaient,
Pour accueillir les enfants de la famille ou des amis
Quand on les baptisait
Et pour les entourer plus tard
Quand ils faisaient leur première communion.
Aujourd'hui, nous tes proches nous te disons adieu,
Nous espérons que silencieusement tu as rejoint
Ceux que tu aimais,
Ceux dont tu avais partagé le travail, les soucis,
Ceux que tu avais aidés ou qui t'avaient rendu service.
Demain, nous aussi nous partirons
Sans avoir terminé notre travail,
Nous laisserons sans doute des choses à faire,
Nous abandonnerons nos travaux entrepris
Que d'autres, à notre place, poursuivront.
Mais ce jour-là nous espérons te retrouver,
nous viendrons, silencieusement, nous asseoir
auprès de toi dans la maison de Dieu.

Anonyme


Si tu m'aimes…
Ne pleure pas si tu m'aimes.

Si tu savais le don de Dieu et ce que c'est que le Ciel !

Si tu pouvais d'ici entendre le chant des Anges et me voir au milieu d'eux.

Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux les horizons et les champs éternels,
les nouveaux sentiers où je marche !

Si, un instant, tu pouvais contempler comme moi la Beauté
devant laquelle toutes les beautés pâlissent.

Quoi, tu m'as vu, tu m'as aimé dans le pays des ombres
et tu ne pourrais ni me revoir, ni m'aimer dans le pays des immuables réalités !

Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m'enchaînaient, et, quand, un jour que Dieu connaît et qu'il a fixé, ton âme viendra dans ce Ciel où l'a précédée la mienne, ce jour-là tu me reverras, tu retrouveras mon affection épurée.

À Dieu ne plaise qu'entrant dans une vie plus heureuse, infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de mon autre vie, je sois devenu moins aimant.

Tu me reverras donc, transfiguré dans l'extase et le bonheur, non plus attendant la mort, mais avançant d'instant en instant avec toi, dans les sentiers nouveaux de la Lumière et de la Vie.

Alors essuie tes larmes et ne pleure plus si tu m'aimes.

D'après saint Augustin